vendredi 10 octobre 2008

Mattéo par Gibrat

La plupart des auteurs de bande dessinée sont à la recherche de LA bonne histoire, de la bonne façon de la raconter (je dis "la plupart" car il paraît clair que certains ne se posent pas la question) ; Certains arrivent, comme un miracle, à nous offrir un jour un chef d'oeuvre... pour lequel on garde le souvenir encore ému du plaisir de lecture bien des années plus tard. Eh bien jean-Pierre Gibrat est de ceux qui nous en a déjà offert 2, et est en passe de nous en offrir un troisième avec la tétralogie MATTEO (Ed. Futuropolis) !
Quelles étaient les deux premiers ? ces fameux chefs d'oeuvres ? Vous en avez certainement entendu parler : Le SURSIS et Le VOL DU CORBEAU (tous 2 édités en 2 volumes dans la collection Aire Libre de Dupuis).
De ces titres on en retient souvent ses femmes, superbes, enivrantes. Cécile... Jeanne... Désormais Juliette et Amélie... Moi qui n'ai aucune mémoire des noms, je me surprends à ne pouvoir les oublier !
A cela se confronte l'univers sale et torturé de la guerre. La terrible seconde guerre mondiale est donc le théâtre des histoires de ces albums parus chez Aire Libre.
Mais Jean-Pierre Gibrat sait nous faire oublier par moment les horreurs de tels instants par une touche de romantisme, une dose de passion... de l'amour comme on aime le ressentir !! Celui qui donne cette impression de force et de liberté qui nous fait exister !
Ses femmes ne jouent pas de leur charme, ne sont pas des bimbos à la poitrine qui déborde de partout et n'ayant d'attrait qu'une plastique sans subtilité... Non ! cécile par exemple, a cette beauté timide, sensuelle, dont juste la nuque un peu découverte suffit à nous émouvoir.
Le tout emporté dans une histoire pleine de subtilité et d'intelligence !! Avec une magie d'écriture dont le secret n'est connu que des plus Grands.



MATTEO, donc.

Il donne son nom à cette nouvelle collection, car les hommes sont aussi le fil rouge de ses histoires.

Ce jeune immigré espagnol, nous le rencontrons au démarrage de la première guerre mondiale, dans le Sud Ouest de la France, bien plus passionné par Juliette que par les combats qui commencent à sévir.
Mais Juliette ne lui donne pas tout son amour... Le flirt est agréable, mais ne parvient pas pour elle à devenir cet amour que ressent Mattéo. Et, bien qu'il n'ait pas été appelé, il comprend que rien de tel ne sera possible tant qu'il ne sera pas parti s'engager dans cette guerre encore perçue comme gagnée d'avance, et révélant le grand courage des Français.

Mais la réalité de la guerre est tout autre et c'est sur place que l'on peut vraiment s'en rendre compte ! L'odeur de poudre, le goût du sang, la boue qui imprègne tout le champ de vision...
La mort est partout !


Mais c'est pourtant bien dans les scènes où Mattéo se retrouve dans les tranchées que les moments de cette bande dessinée sont les plus captivant ! Les dialogues et le narrateur nous donnent des moments de lectures éblouissant ! Les mots et les images sont choisis avec tant de subtilité que le dessin -pourtant superbe- n'est plus que simple accompagnant de la richesse de cette histoire...
Un de mes collègues, qui avait trouvé le temps de le lire juste avant moi, m'a lâché un "du bonheur !" lorsque je lui ai demandé son avis de lecture... Avant de se raviser, un peu honteux d'avoir utilisé ce terme après être passé dans les griffes de l'horreur de cette guerre...
... Mais le terme n'est pourtant pas si faux ! Nous sommes emportés par le récit et la maestria de sa narration, tant visuelle qu'écrite ; et malgré la noirceur du contexte de cette histoire, nous ressortons grandi de ce récit. Peut-être un peu plus humain... Car les sentiments ressentis tout du long, les rencontres faites alors, nous ont fait grandir...
J'avais envie de vous citer un ou deux dialogues pour en faire apprécier l'étonnante justesse, mais je ne veux vous priver de les découvrir au détour d'un si grande lecture !


Voici les premières pages de l'album :


Nous avions retrouvé Jean-Pierre Gibrat il y a environ un mois sur un autre de ses titres, où il est cette fois seul scénariste. Le dessin est signé avec simplicité et justesse par Christian Durieux.
Ce diptyque est à découvrir aussi !! L'univers y est contemporain, les problèmes y sont souvent les nôtres... et une fois de plus les dialogues sont une grande réussite !

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