jeudi 23 octobre 2008

Petite, toute petit pause...

Hum... Le blog d'1 BD PAR SEMAINE n'existe que depuis 1 mois et demi et déjà je me permets de vous annoncer une légère pause...
Pas de BD cette semaine...

oh non, ce n'est pas une panne d'inspiration qui en est la cause, mais simplement un énorme cumul de choses à gérer ces jours pour la librairie, les éditions... qui redécale à la semaine prochaine la future chronique !

En attendant, je suis très heureux de vous annoncer qu'un titre sur deux sur ceux chroniqués ici ont été sélectionné pour le festival de bandes dessinées d'Angoulème :







- Le tome 1 de Mattéo par Gibrat
- Le tome 2 de Long John Silver par Lauffray et Dorison
- Shutter Island par De Metter, d'après Lehan

Cliquez ICI pour découvrir la sélection complète !

mercredi 15 octobre 2008

La Saga DEATH NOTE


On a longtemps été plein de préjugés sur le manga... Je garde parfois un souvenir écoeuré des années Dorothée qui ont diffusé des dessins animés japonais à des heures de grande écoute des plus jeunes alors qu'ils étaient prévus pour des adultes !
De nombreuses personnes ont alors catalogué le genre en simplifiant avec MANGA = VIOLENCE et SEXE !
Depuis 9 ans que je suis libraire spécialisé en bandes dessinés, j'ai toutefois pu voir notre fonds passer de 200 titres à plus de 10000 actuellement !!! Et découvrir ainsi une richesse incroyable de ce genre et de cette culture !
Petit à petit, mes barrières sont tombées en découvrant des merveilles telles les oeuvres de Taniguchi ou encore Monster, 20th Century Boys...
Et puis est paru, début de l'année dernière : DEATH NOTE !

L'univers est sombre, presque gothique, et je craignais de ne pas adhérer pour ces raisons, malgré l'énorme succès annoncé !!... Je crois d'ailleurs que plus on m'annonce que "ça va être un carton" et plus j'y vais à reculons...
Comment ça marche ? Au début du premier tome, un Dieu de la mort laisse volontairement tomber sur terre un "carnet de la Mort" (ou Death Note, donc), pour s'amuser... voir ce qu'il va se passer. C'est dans ce cahier qu'il note le nom de celui qui doit mourir, et ce avec des règles précises qui parsèment les 12 volumes que compte la série.

Ce carnet ne va pas tomber dans les mains de n'importe qui ! C'est Light, le fils d'un des plus hauts responsables de la police japonaise, doté d'une étonnante intelligence, qui va le découvrir et le ramener chez lui...
Prenant rapidement conscience du fascinant pouvoir de ce qu'il possède désormais, il va décider d'être une sorte de sauveur, de bienfaiteur de l'humanité... en tuant les criminels dont il découvrira le visage et le nom (indispensables à la bonne utilisation du carnet)... Sans vraiment réaliser qu'en agissant ainsi il devient lui-même le plus terrible des serial killers de l'histoire du monde !...



Un point de départ relativement macabre pour ce thriller fantastique, mais tout aussi fascinant ; nous incitant à nous poser la question des choix que nous aurions nous-même fait avec un tel pouvoir !


Mais ce qui fait véritablement la force de cette collection envoûtante est l'intelligence de la structure du suspense... Chaque page tournée nous met face à une situation dont personne ne pourrait se sortir, et qui se résoud toujours de manière étonnante ! Les éléments montent en puissance continuellement, relâchant rarement la pression, et rendant le lecteur presque fou ! Impatient d'être déjà à la page, au tome suivant !

Autres qualités que sa construction narrative machiavélique, le peu de volumes (l'histoire se termine en 12 volumes quand certaines séries japonaises passent les 70) mais aussi (et surtout ?) le dessin !!
Sombre, soigné, esthétique et très narratif, le graphisme de cette série donne une ampleur encore plus grande à cette collection ! Enfin, la galerie des personnages rencontrés tout au long de cette lecture ajoute la touche finale à ce manga de génie ! Chacun joue un rôle parfois insoupçonné dans le déroulement des événements et donne une dimension encore plus particulière aux intrigues !
Death Note reste définitivement l'une des plus grandes réussites de Mangas Seinen que l'on ait pu avoir en France !!


Il existe également une version animée, dont voici le premier épisode :

vendredi 10 octobre 2008

Mattéo par Gibrat

La plupart des auteurs de bande dessinée sont à la recherche de LA bonne histoire, de la bonne façon de la raconter (je dis "la plupart" car il paraît clair que certains ne se posent pas la question) ; Certains arrivent, comme un miracle, à nous offrir un jour un chef d'oeuvre... pour lequel on garde le souvenir encore ému du plaisir de lecture bien des années plus tard. Eh bien jean-Pierre Gibrat est de ceux qui nous en a déjà offert 2, et est en passe de nous en offrir un troisième avec la tétralogie MATTEO (Ed. Futuropolis) !
Quelles étaient les deux premiers ? ces fameux chefs d'oeuvres ? Vous en avez certainement entendu parler : Le SURSIS et Le VOL DU CORBEAU (tous 2 édités en 2 volumes dans la collection Aire Libre de Dupuis).
De ces titres on en retient souvent ses femmes, superbes, enivrantes. Cécile... Jeanne... Désormais Juliette et Amélie... Moi qui n'ai aucune mémoire des noms, je me surprends à ne pouvoir les oublier !
A cela se confronte l'univers sale et torturé de la guerre. La terrible seconde guerre mondiale est donc le théâtre des histoires de ces albums parus chez Aire Libre.
Mais Jean-Pierre Gibrat sait nous faire oublier par moment les horreurs de tels instants par une touche de romantisme, une dose de passion... de l'amour comme on aime le ressentir !! Celui qui donne cette impression de force et de liberté qui nous fait exister !
Ses femmes ne jouent pas de leur charme, ne sont pas des bimbos à la poitrine qui déborde de partout et n'ayant d'attrait qu'une plastique sans subtilité... Non ! cécile par exemple, a cette beauté timide, sensuelle, dont juste la nuque un peu découverte suffit à nous émouvoir.
Le tout emporté dans une histoire pleine de subtilité et d'intelligence !! Avec une magie d'écriture dont le secret n'est connu que des plus Grands.



MATTEO, donc.

Il donne son nom à cette nouvelle collection, car les hommes sont aussi le fil rouge de ses histoires.

Ce jeune immigré espagnol, nous le rencontrons au démarrage de la première guerre mondiale, dans le Sud Ouest de la France, bien plus passionné par Juliette que par les combats qui commencent à sévir.
Mais Juliette ne lui donne pas tout son amour... Le flirt est agréable, mais ne parvient pas pour elle à devenir cet amour que ressent Mattéo. Et, bien qu'il n'ait pas été appelé, il comprend que rien de tel ne sera possible tant qu'il ne sera pas parti s'engager dans cette guerre encore perçue comme gagnée d'avance, et révélant le grand courage des Français.

Mais la réalité de la guerre est tout autre et c'est sur place que l'on peut vraiment s'en rendre compte ! L'odeur de poudre, le goût du sang, la boue qui imprègne tout le champ de vision...
La mort est partout !


Mais c'est pourtant bien dans les scènes où Mattéo se retrouve dans les tranchées que les moments de cette bande dessinée sont les plus captivant ! Les dialogues et le narrateur nous donnent des moments de lectures éblouissant ! Les mots et les images sont choisis avec tant de subtilité que le dessin -pourtant superbe- n'est plus que simple accompagnant de la richesse de cette histoire...
Un de mes collègues, qui avait trouvé le temps de le lire juste avant moi, m'a lâché un "du bonheur !" lorsque je lui ai demandé son avis de lecture... Avant de se raviser, un peu honteux d'avoir utilisé ce terme après être passé dans les griffes de l'horreur de cette guerre...
... Mais le terme n'est pourtant pas si faux ! Nous sommes emportés par le récit et la maestria de sa narration, tant visuelle qu'écrite ; et malgré la noirceur du contexte de cette histoire, nous ressortons grandi de ce récit. Peut-être un peu plus humain... Car les sentiments ressentis tout du long, les rencontres faites alors, nous ont fait grandir...
J'avais envie de vous citer un ou deux dialogues pour en faire apprécier l'étonnante justesse, mais je ne veux vous priver de les découvrir au détour d'un si grande lecture !


Voici les premières pages de l'album :


Nous avions retrouvé Jean-Pierre Gibrat il y a environ un mois sur un autre de ses titres, où il est cette fois seul scénariste. Le dessin est signé avec simplicité et justesse par Christian Durieux.
Ce diptyque est à découvrir aussi !! L'univers y est contemporain, les problèmes y sont souvent les nôtres... et une fois de plus les dialogues sont une grande réussite !

jeudi 2 octobre 2008

XIII Hystery

Bon je promets d'éviter à l'avenir de trop mettre en avant un auteur, en citant deux semaines de suite un de ses albums... En effet, Xavier Dorison a signé le scénario de Long John Silver, précédemment chroniqué, et est à nouveau à l'affiche avec... XIII ?
Choix étonnant ? J'avoue avoir hésité à maintenir ce qui pourtant était mon meilleur album cette semaine !
La saga de Treize a été annoncé terminée à la parution simultanée des volumes 18 et 19, dont un était signé par le maître Giraud.
Fin, donc. Mais aussi première ouverture aux auteurs à une collaboration sur leur "série culte"...
... Qui allait engendrer celle que nous pouvons découvrir cette semaine.

La saga finie, l'éditeur s'inquiétait de se priver d'une telle poule aux oeufs d'or. Mais Van Hamme avait bel et bien décidé d'arrêter de scénariser la série.
William Vance est peut-être tout à fait capable de reprendre seul le flambeau (bien que des exemples tels qu'Uderzo seul sur Astérix nous fait encore regretter plus que cruellement l'absence de Goscinny). Mais la bonne idée n'est pas forcément celle-ci !


L'univers de XIII est riche en personnages secondaires qui ont pu sévir lors des 19 tomes. C'est eux qui seront les héros de la nouvelle collection intitulée "XIII Mystery".
Comment ça va se passer ? Un scénariste de talent, et un dessinateur qui n'en a pas moins, vont travailler sur une histoire complète, offrant un nouvel éclairage à l'histoire d'un des personnages de la série mère. mais juste le temps d'un album ! Le suivant, réalisé par un duo différent (dans notre cas, ce serait alors Corbeyran et Berthet).

Les premiers à relever cet audacieux mais fascinant défi sont Dorison (Troisième testament, Long John Silver, WEST...) et un des dessinateurs que j'idolâtre le plus Ralph Meyer (Berceuse Assassine, IAN...), et ce sur le personnage sinistre de La Mangouste.
Pour ne rien vous cacher, je ne suis pas grand fan de la série d'origine..? Comme beaucoup, j'ai eu beaucoup de plaisir à découvrir les premiers volumes énigmatiques... Mais la magie a moins pris après... Les volumes semblant parfois rallonger une sauce de plus en plus liquide, perdant les subtilités de ces saveurs nouvelles...
J'attendais donc cette expérience au tournant !! J'ai beau aimé le travail jusque là réalisé par notre duo de ce premier volume, je craignais beaucoup de ce qui pouvait être uniquement un coup commercial !
Et je dois vous avouer que je n'ai plus réussi à me détacher de l'album... Tant pour la virtuosité graphique de Ralph Meyer, qui magnifie la narration, que par la saveur de l'histoire du terrible tueur qu'est la Mangouste. On apprend ses origines, et ce qui a fait de lui ce monstre. Impossible de s'arrêter, de penser simplement reprendre la lecture plus tard !
Cette album a été une grande claque, et bien que cela fasse près d'une semaine qu'il est passé entre mes mains, je repense encore régulièrement avec nostalgie la fascinante construction de cette histoire !

Quelques planches pour vous laisser apprécier le travail réalisé :

Et même un fond d'écran :

Enfin, la bande annonce :
Paperblog